Notre lettre 1203 publiée le 6 mai 2025

LETTRE OUVERTE AUX CARDINAUX

AVANT D'ENTRER EN CONCLAVE



English version at the bottom of the letter

Versione italiana in fondo alla lettera

Eminences révérendissimes,

D’ici quelques heures, Mgr Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales, fermera les portes de la chapelle Sixtine en faisant résonner la formule de circonstances : « Extra omnes ! », « Tous dehors ! ». Vous entrerez alors en conclave et il ne me sera plus possible de m’adresser à vous. Aussi, au vol mais non à l’improvisade, je vous adresse ces quelques lignes.

Bien sûr, je le sais déjà, vous ne les lirez pas. Du fond de la petite paroisse de campagne où je réside, en terre de mission dans un pays occidental terriblement déchristianisé, il y a peu de chance que mes paroles de prêtre vous atteignent. Et pourtant, j’éprouve un besoin immense de vous parler. Il me faut vous ouvrir mon cœur sacerdotal, rempli à ras bord de ras-le-bol en même temps que gonflé au large d’espérance.

Le défunt pape, vous le savez, a invité à plusieurs reprises les baptisés à parler avec parrhésie, à recourir à cette fameuse manière de s’exprimer, certes respectueuse mais avec un franc-parler courageux. Lors du synode sur l’Amazonie, en octobre 2019, François demandait en effet, explicitement, aux participants de vivre cette parrhésia, tout en restant fraternels. De même lors d’une célébration à la Maison Sainte-Marthe, le 18 avril 2020, il allait jusqu’à décrire la parrhésie comme une grâce reçue à la Pentecôte.

Il est vrai que François ne vous a laissé que peu l’occasion, à vous cardinaux, de vous exprimer ainsi. Une seule réunion en consistoire durant tout son pontificat, c’est peu, et c’est peu de le dire. J’ai cru lire, çà et là dans la presse, que durant vos « congrégations générales » quelques-uns des membres du Sacré Collège avaient enfin profité de cette chère audace pour commenter le pontificat singulier qui vient de se terminer. Si vous saviez comme je m’en suis réjoui ! Non en raison d’une quelconque joie morbide de voir le pape critiqué post-mortem, non pas que je me félicite que l’on casse du sucre sur son dos une fois mort et enterré. Non, point du tout ! Mais cela fait tant de bien, Eminences, que la parole ecclésiastique se libère un peu. Que ça ventile, que ça respire ! Car en vérité, nous n’en pouvons plus. Les brebis que je sers avec un grand bonheur et dont François réclamait aux pasteurs de prendre leur odeur me l’exprime et me le dise. Beaucoup de catholiques n’en peuvent plus et ce n’est sans doute pas pour rien que le denier de Saint-Pierre a diminué de moitié durant la période François. Les principales orientations de son pontificat ont suscité un désintérêt significatif parmi les fidèles que je connais. Et pas seulement ceux de ma paroisse, croyez-moi ! Quelle solitude que de devoir les interroger sur la synodalité dont ils se moquent comme de leur première chemise ! Le label « Eglise verte » ne suscite pas plus d’engouement, sinon chez des boomers en quête d’un énième souffle et dont je me sens en droit de me demander si nous croyons au même Credo.

En matière de parrhésie, de grâces Eminences, permettez l’élection d’un pape qui ait le courage de dresser un véritable bilan, clair et lucide, de la situation de l’Eglise. Depuis des années, j’écume les réunions diocésaines avec la même consternation. Avec mes confrères nous en parlons. Les curies diocésaines, bien souvent leurs évêques à leur tête, se réjouissent de ce qui se passe. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Nous vivons une époque merveilleuse. Et si ça ne marche pas suffisamment, c’est que la révolution initiée par le concile Vatican II n’a pas été poussée à son aboutissement. Le bateau prend l’eau de toute part, mais comme à bord du Titanic, on continue de jouer de la musique en première classe. Quelle pitié Eminences ! Quel drame pour nous sur le terrain !

Souvenez-vous de la voix engageante de Jean-Paul II au début de son pontificat, il y a presqu’un demi-siècle : « N’ayez pas peur ! » Ô, oui, n’ayez pas peur de dresser un constat courageux sur la situation de l’Eglise. Ayez le courage d’admettre que l’Eglise s’apprête à vivre des heures difficiles face au laïcisme et à l’athéisme forcenés de l’Occident conjugué à l’islamisation vertigineusement préoccupante de la vieille Europe. Ayez le courage d’affronter par le haut le manque de formation humaine, ecclésiastique et spirituelle du clergé. Jamais dans nos réunions, il n’est question de salut, toujours de partage. Jamais de sacrements, toujours de rencontres. Jamais de doctrine, toujours de cheminement. Un grand flou pour une vaste fumisterie. On se rengorge du nombre de baptêmes d’adultes en France quand on oublie de voir les choses en face : l’avachissement des âmes qui semble inexorable. En revanche, lorsque l’univers traditionnel donne des preuves chiffrées de dynamisme, de jeunesse et d’enthousiasme, à l’instar du pèlerinage de Chartres, c’est pour entendre les promoteurs de la politique des autruches : « Je préfère une Eglise qui fasse signe, qu’une Eglise qui fasse nombre. »

Eminences, nous n’en pouvons plus de ne pas nous sentir soutenus par nos évêques qui sortent quinze parapluies dès la première goutte d’eau venue. Nous n’en pouvons plus d’un corpus doctrinal bancal détricotant sans scrupule et sans gêne l’enseignement liturgique et moral de la tradition de l’Eglise. Nous n’en pouvons plus des fumées de Satan dans le temple de Dieu, pourtant évoquées par Saint Paul VI en 1972, mais dont certains prélats semblent faire leur propre narguilé. Nous n’en pouvons plus de cette sécularisation de l’Eglise et de l’Evangile du Christ qui est aux antipodes de la doctrine du Christ-Roi. Nous n’en pouvons plus, nous prêtres fidèles et parents de familles nombreuses, de ne pas bénéficier d’une véritable écoute, d’une véritable considération, de véritables encouragements de la part du corps épiscopal. Nous n’en pouvons plus des commissions carrefours avec leurs lots d’inepties, des comités pilotes qui mènent aux mêmes impasses depuis la fin du concile Vatican II, des équipes synodales dont il ne serait pas illogique de dire – à l’imitation du Président de la République française – que « c’est de la farce , de la pipe, de la poudre de perlimpinpin », des groupes de réflexion labellisés par les diocèses et dont les membres, pourtant, ne fréquentent que rarement le confessionnal et accommodent à leur guise l’enseignement de l’Eglise sur bien des sujets. Nous n’en pouvons plus du comportement de certains évêques, plus pressés de se coopter que de s’intéresser au sort des ouvriers dans la vigne du Seigneur, vigne abîmée, malmenée qui n’annonce rien de bon pour les vendanges à venir. Que pourra-t-on mettre en bouteilles ? Quel vin saura-t-on produire ? Jamais rien n’est acquis si Dieu n’est pas mis résolument à la première place, notamment dans le culte que nous lui devons, en témoignent les effondrements de l’Eglises en Irlande, suite aux scandales des abus sexuels, et en Pologne, suite au choc de la modernité et du consumérisme. En Allemagne, la tête de pont du progressisme à la François, 29 prêtres seulement ont été ordonnés en 2024. Faudrait-il que nous soyons aveugles pour ne pas voir l’ampleur du désastre ?

Eminences, vous pourriez légitimement voir dans ces lignes l’aveu d’une détresse mal placée, l’expression d’un état d’esprit délétère prompt à voir les choses en noir plutôt qu’à annoncer l’Evangile de la joie. Je vous le promets, rien n’est moins vrai ! Par ces mots, au contraire, j’aimerais vous prouver que le tocsin peut être un signe d’espérance ! En ce jubilé placé sous le signe de cette vertu si chère à Péguy, sachez que les prêtres de ma génération et moi-même, nous sommes heureux de servir l’Eglise. Et c’est justement parce que nos parents et nos formateurs nous ont appris à aimer l’Eglise viscéralement que nous souffrons des discordances trop éclatantes entre l’Eglise telle que la voulait le pape François et celle que nous avons reçue des pontificats précédents. Les mutations profondes auquel le pontificat du pape François a voulu nous contraindre nous ont profondément blessés, cependant, nous sommes loin d’être morts. Au contraire, cette situation conflictuelle a réveillé ma génération ! Avec saint Jean Chrysostome, elle sait que « Celui qui ne se met pas en colère quand il y a une juste cause pour le faire, commet un péché. En effet, la patience déraisonnable sème les vices, entretient la négligence, et invite à mal faire non seulement les méchants, mais les bons eux-mêmes. »

Eminences, nous vous en conjurons, remettez le Christ au centre de l’Eglise, et l’église au milieu des villages. Rappelez-vous à l’heure de voter pour le successeur de François que l’Eglise a pour mission de poursuivre l’œuvre de la Rédemption initiée par Notre Seigneur Jésus-Christ. Plus qu’à une synodalité fumeuse, faites que le prochain pape nous enjoigne à une sainteté fougueuse : au salut des âmes ! Plus que du tri sélectif, nous avons besoin d’un choix purgatif. Un pape qui s’occupe de ceux qui sont frappés de la plus grande des pauvretés : l’ignorance du Christ.


Open Letter to the Cardinals Before Entering the Conclave


Most Reverend Eminences,

In a few hours, Archbishop Diego Ravelli, Master of the Pontifical Liturgical Celebrations, will close the doors of the Sistine Chapel with the customary sentence: "Extra omnes!", "Everyone out!" You will then enter the conclave, and I will no longer be able to address you. Therefore, off the cuff, but not impromptu, I address these few lines to you.

Of course, I already know that you will not read them. From the depths of the small country parish where I reside, in missionary territory in a terribly de-Christianized Western country, there is little chance that my words as a priest will reach you. And yet, I feel an immense need to speak to you. I must open to you my priestly heart, filled to the brim with weariness and at the same time bursting with hope.

The late Pope, as you know, repeatedly invited the baptized to speak in an attempt to promote parrhesia, whereby one expresses oneself, respectfully, but with courageous frankness. During the Synod on the Amazon in October 2019, Francis explicitly asked participants to engage in parrhesia while remaining fraternal. Similarly, during a celebration at Santa Marta House, on April 18, 2020, he went so far as to describe parrhesia as a grace received at Pentecost.

It is true that Francis has given you, the cardinals of the Church, few opportunities to express yourselves in this way. A single consistory meeting during his entire pontificate is not much, and that's an understatement. I seem to have read here and there in the press, that during your "general congregations" some of the members of the Sacred College had finally made use of such cherished audacity to comment on the singular pontificate that has just ended. If you only knew how delighted I was! Not because of any morbid joy at seeing the Pope criticized post-mortem, not that I am pleased that people are speaking ill of him once he is dead and buried. No, not at all! But it does so much good, Your Eminences, that ecclesiastical speech is finally freer, at least a little. Let it vent, let it breathe! Because in truth, we cannot stand it anymore. The sheep that I serve with great happiness, those same sheep whose shepherds, according to Francis, should be covered with their scent, they are the ones who tell me this. Many Catholics can stand it anymore, and it is probably not for nothing that the Peter's Pence has decreased by half during the Francis era. The main guidelines of his pontificate have generated significant disinterest among the faithful I know. And not just those in my parish, believe me! How lonely it feels to have to ask them about their thoughts on synodality, which they could not care less about! And the "Green Church" label arouses no more enthusiasm, except among boomers looking for yet another headline, and I feel entitled to wonder if we believe in the same Creed.

Regarding parrhesia, Your Eminences, please do enable the election of a pope who has the courage to provide a true, clear, and lucid assessment of the situation of the Church. For years, I have been witnessing diocesan meetings with the same dismay time and again. This is actually a topic of discussion among us clerics. The diocesan curias, and often their bishops with them, seem to be happy enough with the current situation. All seems to be well, and in the best of all possible worlds. We are living in a wonderful time. And if it doesn't work to perfection, it's because the revolution initiated by the Second Vatican Council hasn't been pushed to its conclusion. The ship is taking on water from all sides, but like aboard the Titanic, the music continues to be played in first class. What a pity, Your Eminences! What a tragedy for us on the ground!

Remember the engaging voice of John Paul II at the beginning of his pontificate, almost half a century ago: "Do not be afraid!" Oh, yes, do not be afraid courageously to assess the situation of the Church. Have the courage to admit that the Church is about to experience very difficult times in the face of the frenzied secularism and atheism of the West, combined with the dizzyingly worrying Islamization of old Europe. Have the courage to confront from above the lack of human, ecclesiastical, and spiritual formation of the clergy. Never in our meetings is there talk about salvation, always about sharing; nor about the sacraments, only about bonding, nor about the doctrine of the faith, only about being in a journey. A great vagueness for a vast hoax. We boast about the number of adult baptisms in France while we forget to face the actual facts: the seemingly inexorable degradation of the souls. On the other hand, when the traditional world provides numerical proof of dynamism, youth, and enthusiasm, like the pilgrimage to Chartres, it is to hear the usual answer of the promoters of the ostrich policy: "I prefer a Church that is a sign, than a Church that grows in numbers."

Your Eminences, we are fed up with not feeling supported by our bishops who pull out fifteen umbrellas at the first drop of rain. We are fed up with a shaky body of doctrine that shamelessly and unscrupulously unravels the liturgical and moral teaching of the Church's tradition. We are fed up with the smoke of Satan in the temple of God, as was mentioned by Paul VI in 1972, but which for some prelates seems to be the very same ingredient they use to smoke their own hookah. We are fed up with this secularization of the Church and the Gospel of Christ, which is the antithesis of the doctrine of Christ the King. We, faithful priests and parents of large families, are fed up with not benefiting from genuine listening, genuine consideration, and genuine encouragement from the episcopal body. We are fed up with lots of crossroads’ analyzing commissions with their loads of nonsense and ineptitudes, with pilot committees that have led to the same dead ends since the end of the Second Vatican Council, with synodal teams about which it would not be illogical to say – imitating the President of the French Republic – that “it’s only farce, illusion, powder of Pirlimpimpim”, with think tanks approved by the dioceses and whose members, however, rarely attend the confessional and adapt the Church’s teaching on many subjects to their liking. We are fed up with the behavior of certain bishops, more eager to co-opt themselves than to take an interest in the fate of the workers in the Lord’s vineyard, a damaged, mistreated vineyard that does not bode well for the coming harvest. What kind of wine may we expect? One able to be bottled? What wine will it be possible to produce? Nothing is ever achieved unless God is resolutely placed first, particularly in the worship we owe Him, as evidenced by the collapse of the Church in Ireland, following the sexual abuse scandals, and in Poland, following the shock of modernity and consumerism. In Germany, the bridgehead of Francis-style progressivism, only 29 priests were ordained in 2024. One would have to be blind not to see the scale of the disaster!!

Your Eminences, you could legitimately see in these lines an admission of a misplaced distress, the expression of a deleterious state of mind quick to see things in a negative light rather than proclaim the Gospel of joy. I promise you, nothing could be farther from the truth! With these lines, on the contrary, I would like to prove to you that the alarm bell can be a sign of hope! In this jubilee marked by this virtue so dear to Péguy, know that the priests of my generation and I are happy to serve the Church. And it is precisely because our parents and our formators taught us to love the Church viscerally that we suffer from the too glaring discords between the Church as Pope Francis wanted it and that which we received from previous pontificates. The profound changes to which the pontificate of Pope Francis wanted to force us have deeply wounded us, however, we are far from dead. On the contrary, this conflict situation has awakened my generation! With Saint John Chrysostom, it knows that "He who does not become angry when there is a just cause for doing so, commits a sin. Indeed, unreasonable patience sows vices, maintains negligence, and invites not only the wicked, but even the good themselves to do wrong." »

Your Eminences, we implore you to put Christ back at the center of the Church, and the Church in the midst of the villages. Remember, when voting for Francis's successor, that the Church's mission is to continue the work of Redemption initiated by Our Lord Jesus Christ. Rather than a hazy synodality, let the next pope enjoin us to a fiery holiness: to the salvation of souls! More than selective choice, we need a purgative choice. A pope who cares for those afflicted by the greatest of all poverties: the ignorance of Christ.


Lettera aperta ai cardinali prima dell'ingresso in conclave


Eminenze Reverendissime,

Tra poche ore, mons. Diego Ravelli, maestro delle celebrazioni liturgiche pontificie, chiuderà le porte della Cappella Sistina con la consueta frase: “Extra omnes!” ", "Tutti fuori! ". Entrerete quindi in conclave e non potrò più rivolgermi a voi. Quindi, al volo ma non improvvisando, vi mando queste poche righe.

Naturalmente lo so già, non li leggerete. Dal profondo della piccola parrocchia di campagna dove vivo, in terra di missione in un paese occidentale terribilmente scristianizzato, è improbabile che le mie parole di sacerdote possano raggiungervi. E tuttavia sento un immenso bisogno di parlarvi. Devo aprirvi il mio cuore sacerdotale, ricolmo di stanchezza e nello stesso tempo scoppiando di speranza.

Il Papa defunto, come sapete, invitava ripetutamente i battezzati a parlare con parresia, a usare questo famoso modo di esprimersi, rispettosamente ma con coraggiosa franchezza. Durante il Sinodo sull’Amazzonia dell’ottobre 2019, Francesco ha chiesto esplicitamente ai partecipanti di vivere questa parresia, pur rimanendo fraterni. Allo stesso modo, durante una celebrazione alla Casa Santa Marta il 18 aprile 2020, è arrivato a descrivere la parresia come una grazia ricevuta a Pentecoste.

È vero che Francesco ha dato a voi cardinali poche opportunità di esprimervi in questo modo. Un solo incontro in concistoro durante tutto il suo pontificato non è molto, per usare un eufemismo. Mi è sembrato di leggere qua e là sulla stampa che, durante le vostre "congregazioni generali", alcuni membri del Sacro Collegio avessero finalmente approfittato di questa cara audacia per commentare il singolare pontificato che si è appena chiuso. Se solo sapeste quanto ne ero felice! Non per una gioia morbosa nel vedere il Papa criticato post mortem, non che io sia felice di sentir dire del male alle sue spalle, adesso che è morto e sepolto. No, per niente! Ma fa tanto bene, Eminenze, vedere il discorso ecclesiastico liberarsi un po'. Lasciatelo ventilare, lasciatelo respirare! Perché la verità è che non ne possiamo più. Le pecore che servo con grande gioia e il cui profumo Francesco chiese ai pastori di prendere su di sé, sono loro stesse a dirmelo. Molti cattolici ne hanno abbastanza e probabilmente non è un caso che le contribuzioni all'Obolo di San Pietro si siano dimezzate durante il periodo di Francesco. I principi fondamentali del suo pontificato hanno suscitato un notevole disinteresse tra i fedeli che conosco. E non solo quelli della mia parrocchia, credetemi! Quanto è triste e un esercizio solitario doverli interrogare sulla sinodalità, di cui a loro non potrebbe importare di meno! Anche l'etichetta "Chiesa verde" non suscita più entusiasmo, se non tra i boomer in cerca di un'ulteriore paragone, e mi sento in diritto di chiedermi se crediamo nello stesso Credo.

In materia di parresia, Eminenze, vi prego di consentire l'elezione di un papa che abbia il coraggio di tracciare una valutazione vera, chiara e lucida della situazione della Chiesa. Da anni frequento le riunioni diocesane con lo stesso sgomento. Ne parliamo tra di noi, con i confratelli. Le curie diocesane, spesso con i loro vescovi in testa, sono soddisfatte di quanto sta accadendo. Tutto va bene e siamo nel migliore dei mondi possibili. Viviamo in tempi meravigliosi. E se tutto ciò non sembra funzionare a perfezione, è perché la rivoluzione avviata dal Concilio Vaticano II non è stata portata a termine. La nave mette acqua da tutte le parti, ma come a bordo del Titanic, la musica continua a suonare in prima classe. Che peccato, Eminenze! Che tragedia per noi che siamo sul terreno!

Ricordate la voce coinvolgente di Giovanni Paolo II all’inizio del suo pontificato, quasi mezzo secolo fa: “Non abbiate paura!” "Oh sì, non abbiate paura di fare una valutazione coraggiosa della situazione della Chiesa. Abbiate il coraggio di ammettere che la Chiesa si prepara a vivere tempi davvero difficili di fronte al frenetico secolarismo e ateismo dell'Occidente, uniti all'islamizzazione vertiginosamente preoccupante della vecchia Europa. Abbiate il coraggio di affrontare dall'alto la mancanza di formazione umana, ecclesiastica e spirituale del clero. Nei nostri incontri non si parla mai di salvezza, sempre di condivisione. Mai di sacramenti, sempre di incontro. Mai di dottrina, sempre di essere in cammino. Una grande confusione per una gigantesca bufala. Ci vantiamo del numero di battesimi di adulti in Francia mentre dimentichiamo di affrontare i veri fatti: la degradazione apparentemente inesorabile delle anime. D'altra parte, quando l'universo tradizionale dà prove numeriche di dinamismo, giovinezza ed entusiasmo, come si vede nel pellegrinaggio a Chartres, è come ascoltare i promotori della politica dello struzzo: "Preferisco una Chiesa che fa un segno, piuttosto che una Chiesa che fa numeri". »

Eminenze, siamo stanchi di non sentirci sostenuti dai nostri vescovi, che tirano fuori quindici ombrelli alla prima goccia di pioggia. Siamo stanchi di un corpus dottrinale instabile che smantella senza scrupoli e senza vergogna l'insegnamento liturgico e morale della tradizione della Chiesa. Siamo stanchi del fumo di Satana nel tempio di Dio, a cui accennava Paolo VI nel 1972, ma con il quale alcuni prelati sembrano fabbricarsi il proprio narghilè. Siamo stanchi di questa secolarizzazione della Chiesa e del Vangelo di Cristo, che è l'antitesi della dottrina di Cristo Re. Noi, sacerdoti fedeli e genitori di famiglie numerose, non possiamo più sopportare di non beneficiare di un ascolto autentico, di una considerazione autentica, di un incoraggiamento autentico da parte dell'organismo episcopale. Siamo stanchi delle commissioni crocevia con tutta la loro dose di assurdità, dei comitati pilota che dalla fine del Concilio Vaticano II conducono sempre agli stessi vicoli ciechi, delle équipe sinodali di cui non sarebbe illogico dire – imitando il Presidente della Repubblica francese – che «sono solo farsa, aria, un mucchio di polvere da Pirlimpinpin», dei think tank approvati dalle diocesi ma i cui membri però raramente scendono in confessionale e adattano a loro piacimento l'insegnamento della Chiesa su tantissimi argomenti. Siamo stanchi del comportamento di certi vescovi, più desiderosi di cooptare se stessi che di interessarsi della sorte degli operai nella vigna del Signore, una vigna danneggiata e maltrattata che non promette nulla di buono per la raccolta a venire. Cosa si potrà imbottigliare? Quale vino potremo produrre? Non si ottiene mai nulla se Dio non viene risolutamente posto al primo posto, in particolare nel culto che Gli dobbiamo, come dimostra il crollo della Chiesa in Irlanda, in seguito agli scandali di abusi sessuali, e in Polonia, in seguito allo shock della modernità e del consumismo. In Germania, testa di ponte del progressismo in stile Francesco, nel 2024 sono stati ordinati solo 29 sacerdoti. Bisogna davvero essere ciechi per non vedere la portata del disastro!!

Eminenze, voi potete legittimamente vedere in queste righe l'ammissione di un malcontento fuori luogo, l'espressione di uno stato d'animo deleterio, pronto a vedere le cose nere piuttosto che annunciare il Vangelo della gioia. Vi prometto che niente potrebbe essere più lontano dalla verità! Con queste parole, al contrario, vorrei dimostrarvi che la campana di allarme può essere un segno di speranza! In questo giubileo segnato da questa virtù tanto cara a Péguy, sappiate che i sacerdoti della mia generazione e io siamo felici di servire la Chiesa. Ed è proprio perché i nostri genitori e i nostri insegnanti ci hanno insegnato ad amare la Chiesa visceralmente che soffriamo delle discordanze troppo evidenti tra la Chiesa come la voleva Papa Francesco e quella che abbiamo ricevuto dai pontificati precedenti. I profondi cambiamenti che il pontificato di Papa Francesco ha voluto farci subire ci hanno ferito profondamente, ma siamo tutt'altro che morti. Al contrario, questa situazione di conflitto ha risvegliato la mia generazione! Con san Giovanni Crisostomo, essa sa che «chi non si adira quando c'è una giusta causa per farlo, commette peccato. Infatti, la pazienza irragionevole semina vizi, alimenta la negligenza e invita non solo i malvagi, ma anche i buoni a fare il male».

Eminenze, vi preghiamo, rimettete Cristo al centro della Chiesa e la Chiesa in mezzo ai villaggi. Quando voterete per il successore di Francesco, ricordate che la missione della Chiesa è quella di continuare l'opera di Redenzione iniziata da Nostro Signore Gesù Cristo. Piuttosto che una sinodalità confusa, lasciamo che il prossimo papa ci inviti a una santità ardente: alla salvezza delle anime! Più che una scelta selettiva, abbiamo bisogno di una scelta purgativa. Un Papa che si prenda cura di quanti sono colpiti dalla più grande di tutte le povertà: l’ignoranza di Cristo.

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