Notre lettre 1233 publiée le 9 juillet 2025
VALENCE,
LES FIDÈLES FACE À L'INJUSTICE
DE MONSEIGNEUR DURAND
Mi-mai, le diocèse de Valence et son évêque Mgr Durand, en provenance de Lozère, a publié un document sobrement intitulé « évolution de la collaboration du diocèse de Valence avec la FSSP » où il raye de la carte les messes de semaine et les sacrements à Valence, maintient la messe dominicale désormais confié à des prêtres diocésains et Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi, reprend le catéchisme pour le mettre sous contrôle du diocèse et maintient à la FSSP la messe de Montélimar – dont le lieu de culte, la chapelle de la Rose, est animé par une association.
Cette énième décision diocésaine contre les fidèles de la Tradition, sommés de faire l'union avec le diocèse en abandonnant la plupart de leurs messes et leurs sacrements, a justement suscité un fort tollé, notamment sur la page du diocèse où de nombreux commentaires remettaient en cause la décision de Mgr Durand – plutot que de dialoguer avec les fidèles comme le laisserait supposer une démarche synodale, le diocèse a préféré carrément supprimer et le post, et les commentaires.
De plus, Montélimar – la chapelle de l'abbé Houghton, dernier prêtre à célébrer chaque jour la messe traditionnelle, au maître autel de la cathédrale de Viviers, de 1969 au début des années 1990, et Valence font partie des premiers apostolats de la FSSP, lorsque celle-ci s'est détachée de la FSSPX après les sacres de 1988. La voilà une fois de plus très mal récompensée de sa fidélité à la hiérarchie de l'Eglise...
Fin juin, 400 paroissiens de Valence et Montélimar ont interpellé l'évêque de Valence dans une lettre ouverte (en fin de lettre) et depuis début juillet certains ont entamé un jeûne de protestation en se relayant dans des tentes installées sur le parking de l'église.
Une haine cléricale contre un apostolat qui a réussi
Par certains égards, la situation à Valence rappelle Quimper : un apostolat laissé en marge, mais qui a réussi au-delà de toutes espérances, des jalousies cléricales, une reprise envisagée par des prêtres diocésains déjà débordés – Valence n'a pas 13 prêtres à envoyer se former à Fontgombault, mais une fois de plus, plutôt que d'assurer une transition pacifique en nommant un prêtre responsable, le diocèse a préféré en envoyer trois se former à Triors qui doivent se relayer.
Contrairement à Quimper cependant la FSSPX est installée non loin de Valence – à Chantemerle les Blés où elle dispose d'une chapelle de 80 places desservie depuis Lyon, et dont la moitié des fidèles proviennent du nord de l'Ardèche, dernière « grande frontière » de la Tradition avec absolument aucune desserte d'aucune tendance.
Ce n'est pas la première fois que la situation de l'apostolat à Valence surtout était menacée, mais il avait l'air d'être stabilisé dans un équilibre précaire tant que l'abbé Dufour, qui assurait aussi des fonctions auprès du diocèse, était là – seulement il a été muté en Corse, à Bastia. L'abbé Stemler – passé par un autre apostolat retiré à la FSSP, Dijon, s'est concentré sur son apostolat, avec des résultats probants, mais a probablement perdu l'occasion d'être aussi utile au diocèse.
Il se dit aussi que « si la FSSP n'est pas chassée, plusieurs prêtres démissionneront ». Un clin d'oeil à la mafia bigoudène – ce groupe de prêtres qui a gouverné le diocèse de Quimper en manipulant les évêques successifs et en maintenant aussi l'omerta sur de nombreuses affaires de mœurs, notamment dans les établissements scolaires du Likes, du Kreisker, de Relecq-Kerhuon et les anciens petits séminaires, mais aussi certaines grosses paroisses (Châteaulin). Cependant la chape de plomb n'a pas survécu à l'affaire Bétharram, et des affaire d'abus et de violences sont révélées chaque mois dans le Finistère – évidemment, le peu d'unité diocésaine qui restait n'a pas résisté à un si sombre passé, même si bien d'autres affaires restent à dévoiler.
« Le diocèse de Valence est géré par un petit soviet qui crie très fort, et qui impressionne les évêques nécessairement de passage », relève un habitant de la ville. Petit soviet qui ne veut surtout pas être jugé sur pièce – Valence est une ville très déchristianisée, en partie liée à son héritage protestant et laïc, où la communauté arménienne (10% de la population de la ville depuis les années 1920), très active et qui a récupéré l'ancienne église des Rédemptoristes, est l'exception qui confirme la règle.
La chape de plomb sur les abus tient toujours, en apparence, et le diocèse de Valence est assis sur la poudrière des Foyers de Charité, dont plusieurs établissements scolaires font partie de l'enseignement catholique diocésain.
Le diocèse lui-même n'est pas vraiment un espace unique, avec des pôles qui ne communiquent guère entre eux (Valence, Romans, Montélimar dans les vallée du Rhône et de l'Isère qui concentrent populations et emplois, Die, Crest dans l'ancienne « Drôme des collines » jadis bastion protestant où tant le territoire que la religion prétendument réformée sont en déclin.
Contrairement à l'Ardèche, le Vaucluse ou la Lozère il n'y a pas vraiment d'identité précise, et la situation financière ne doit guère être reluisante – contrairement à ses obligations légales, le diocèse ne publie pas ses comptes sur le site du journal officiel.
Le bulletin diocésain de 2022, qui reprend les chiffres de 2019 à 2021, donne une idée avec un résultat courant déficitaire de 690.000 euros en 2019, de 722.000 en 2020 – l'année du Covid – et de 646.000 euros en 2021. Après ventes et legs, le résultat exceptionnel déficitaire de 192.000 euros en 2019, 592.000 euros en 2020 et 23.000 en 2021. Le même document rappelle qu'il y avait 12.565 donateurs au Denier en 2001, pour un don moyen de 116 euros, mais qu'ils ne sont plus que 6516 en 2021, avec un don moyen de 259 euros – le nombre de donateurs a été divisé par deux en vingt ans. Bref, le diocèse de Valence se recroqueville, comme d'autres...
Une cathédrale vide, où l'on prêche la paix et la collégialité sans y croire
Quand on vient assister à la grand messe de 9h30 à la cathédrale de Valence – juste à côté de laquelle se trouve l'immeuble où vivent l'évêque et le vicaire général – l'on comprend aisément pourquoi le diocèse a décidé de virer la FSSP de Notre-Dame et le charismatique curé de Sainte-Catherine au sud du centre-ville : eux au moins arrivent à remplir leurs églises. Et la prochaine cible de l'ire épiscopale – ou tout au moins du soviet ecclésiastique qui a mis la main dessus, sera certainement le curé de saint Jean et ses chorales, au nord du centre-ville.
La cathédrale n'est même pas au tiers remplie, servants de messe y compris, et c'est à peine mieux pour l'église de Bourg-les-Valence – la paroisse qui comprend tous les villages du nord de Valence aux abords de Romans, à moitié pleine.
Quelques jours après la décision du diocèse de virer la FSSP et de rayer de la carte la plupart des messes et des sacrements à Valence, le curé prêche dans son homélie à la cathédrale la « collégialité, la participation effective de tous et de toutes », tandis que la prière universelle demande de « faire régner l'amour et l'espérance là où règnent la guerre ». Seulement, ça concerne visiblement le Proche Orient – que ces belles paroles n'ont pas atteintes puisque quelques semaines plus tard éclatait la « guerre de 12 jours » entre Iran et Israël.
La prière universelle, très marquée, demande de « donner la paix aux pays en guerre, aux personnes âgées, aux migrants, aux personnes qui s'engagent pour les migrants ». Mais certainement pas aux fidèles de la messe traditionnelle dans le diocèse de Valence.
Et le sermon centré sur l'amour du prochain se conclut en demandant « d'accueillir l'amour du Christ en en rendant un peu, pour que cette belle circulation continue ». Encore une fois, visiblement ce ne sont que de belles paroles, censées illustrées au mieux la parabole de la paille et de la poutre. Et dont le décalage avec la réalité fait s'interroger sur la légitimité qu'ont de tels pasteurs, qui n'appliquent pas à eux-mêmes et à leur action les belles paroles, ou la Parole, qu'ils semblent pourtant connaître et citent à tout va.
Une église (trop) bien située ?
Quant à Notre-Dame, qui fut jadis une paroisse progressiste avec quatre vicaires, lorsque la FSSP l'a récupérée en 2011, il n'y avait plus rien. Cependant, bien située à 500 m de la gare – et de la maison diocésaine, installée dans un ancien couvent le long des voies, face au centre-ville, l'église est aussi très accessible depuis le centre-ville, et depuis les communes voisines, puisqu'elle ne se trouve pas dans le périmètre piétonnisé.
Un apostolat auquel on reproche d'avoir réussi au delà de toutes espérances
Avant 2011, la messe traditionnelle aux extrémités du diocèse – à Notre-Dame de la Rose de Montélimar, plutôt au sud de la Drôme, à Rochegude, aux portes du Vaucluse, une fois par mois, et à l'abbaye de Triors fondée en 1984 comme fille de Fontgombault, au nord de de Romans sur Isère, et qui dès 1988 bénéficie de l'indult permettant de célébrer la messe traditionnelle.
« Lorsqu'en 2011 nous avons commencé à Notre-Dame, nous étions une cinquantaine ; nous sommes aujourd'hui près de trois cent et il y a du brassage parmi les fidèles, ce n'est pas vraiment Versailles ici », explique une paroissienne – un quart des fidèles sont des militaires, le reste, des familles de Valence et de son agglomération, de tous types de milieux. Elle se rappelle de l'ancien évêque, parti maintenant à Nancy : « Il y avait des situations tendues, mais Mgr Michel écoutait et entendait. Là, Mgr Durand ne veut ni écouter ni entendre. On a une situation où il estime que la messe traditionnelle a sa place dans le diocèse, mais il doit pouvoir tout contrôler – les prêtres, le catéchisme, les fidèles... ».
D'ailleurs, la première pétition en ligne pour appeler l'évêque à maintenir la FSSP à Valence n'émane pas de fidèles de Notre-Dame, mais de fidèles diocésains. « En fait, la paroisse s'est beaucoup développée après le Covid. Mais surtout, on nous reproche le nombre de gens qui viennent suivre le catéchisme ici – ils font pourtant bien ce qu'ils veulent, c'est leur liberté de choisir où ils seront catéchisés. Visiblement pour notre évêque non, ils n'ont qu'à suivre le catéchisme du centre-ville qui ne ressemble à rien », constate un fidèle dépité.
Pour un autre fidèle, « on nous reproche de ne pas être dans l'union avec le diocèse, mais pour faire cette union, c'est nous qui devons nous séparer de nos desservants, de nos messes en semaine, de nos sacrements. Et rétrécir, puisque visiblement on est trop nombreux, trop jeunes, trop priants et trop catholiques. Ça commence à bien faire. La suite, c'est quoi ? Mgr Durand se met à persécuter les Arméniens, car l'église des Rédemptoristes est bien trop pleine à son goût, lui qui a une cathédrale vide ? »
Une fois de plus, on peut se demander quelle est cette propension à nommer des évêques issus du désert, dans des diocèses plus peuplés, avec pour mission de chasser tous ceux qui remplissent les églises et de transformer les multitudes en désert de sel...évidemment surtout sans dialoguer avec leurs nouveaux fidèles, sans écouter, sans entendre, et sans comprendre leur troupeau. Seul compte l'idéologie : tout doit disparaître.
Annexe : lettre ouverte des fidèles de Montélimar et de Valence
Monseigneur Durand,
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Chers amis, croyants et non-croyants,
Cette lettre ouverte est l’expression de notre incompréhension, de notre douleur profonde, et de notre détermination paisible, face à une mise à l’écart injuste de la liturgie traditionnelle dans notre diocèse.
Depuis plusieurs années, en France comme ailleurs dans le monde, les fidèles attachés à la messe traditionnelle sont progressivement marginalisés, sans dialogue réel, sans justification pastorale sérieuse et sous le motif que la présence des prêtres issus des instituts traditionnels, comme la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, gênerait certains prêtres diocésains et serait perçue comme une concurrence dans l’évangélisation.
Après Besançon, Grenoble, Quimper... la communauté des fidèles attachée au rite tridentin de Valence et Montélimar et à l’apostolat de la FSSP est aujourd’hui écartée de la communion diocésaine. Le prêtre qui nous accompagne depuis des années, avec fidélité et dévouement, a reçu l’ordre de quitter le diocèse au 1er septembre 2025. Notre communauté est donc brusquement dispersée, nos enfants sont privés de catéchisme, nos jeunes, des rencontres spirituelles. Nos foyers « Domus Christiani » ne bénéficieront plus d’un accompagnement pastoral.
Nous avons appris cette décision par un simple message publié le 15 mai sur la page Facebook de la paroisse. Ce communiqué, froid et impersonnel, nous a laissés sans voix.
Alors, comment peut-on prétendre œuvrer pour l’unité de l’Église tout en brisant une communauté vivante de plus de 400 personnes ?
On reproche à notre communauté d’être trop repliée sur elle-même.
Et pourtant, depuis des années, elle est invisibilisée :
• les horaires des messes tridentines n’apparaissent presque jamais dans les publications officielles du diocèse ;
• ni le curé de la paroisse Saint Émilien (Valence) ni celui de Notre Dame du Rhône (Montélimar) ne nous ont rendu visite pastorale, malgré nos sollicitations.
On nous accuse d’être une communauté fermée, alors même que nos fidèles s’engagent dans les œuvres caritatives, comme la société saint Vincent de Paul et le panier du frère, aident les paroissiens dans le besoin, et participent activement à la vie locale et ecclésiale.
Notre prêtre est injustement accusé de faire concurrence aux prêtres diocésains :
• parce que son dévouement attire de nombreux enfants, adolescents, étudiants et familles à ses cours de catéchisme hebdomadaires ;
• parce qu’il se rend sans relâche auprès de ceux qui demandent la prière, un sacrement ou un accompagnement spirituel ;
• parce qu’il ne concélèbre pas – et pourtant, il obéit à la constitution propre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, validée par plusieurs papes, dont le pape François en 2022 puis en 2024 ;
• parce qu’il évangélise selon le charisme qui est le sien, fidèle à sa vocation et à son institut.
Pendant que la France se déchristianise, les évêques ferment les apostolats et bannissent les sacrements en rite traditionnel qui attire pourtant par sa beauté, sa profondeur et son sens du sacré.
Pendant que l’Eglise en France manque de vocations sacerdotales, les évêques renvoient les prêtres issus de la FSSP qui apportent pourtant un réel réconfort spirituel, une présence stable, une fécondité pastorale.
Ce que vit aujourd’hui notre communauté est profondément injuste.
Nous ne comprenons pas pourquoi à partir de septembre 2025, nous, fidèles attachés au rite tridentin dans la Drôme, nous allons être privés d’un apostolat qui répond à nos besoins spirituels, d’une pastorale fidèle à l’enseignement de l’Eglise Catholique et d’une pastorale qui porte des fruits par les conversions et les demandes croissantes des sacrements.
Ce que nous demandons simplement à notre évêque, Monseigneur Durand, c’est de pouvoir vivre notre foi dans la liturgie que l’Église n’a jamais abrogée. Nous lui demandons seulement que notre enracinement spirituel soit respecté. Nous souhaitons bâtir l’unité dans la vérité, dans la charité et dans la diversité liturgique. Notre demande ne requiert pas d’un privilège quelconque, mais d’un droit légitime.
Plus encore, nous affirmons avec force : la spiritualité traditionnelle n’est pas un obstacle, mais une richesse pour l’Église.
Les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre et d’autres instituts traditionnels ne sont pas des rivaux, mais des serviteurs fidèles et authentiques de l’Évangile, tout comme le sont les prêtres diocésains. L’évangélisation ne se fait pas par l’exclusion d’une communauté, mais par l’accueil.
Cette lettre ouverte n’est pas une protestation, encore moins une rupture. Elle veut informer les Catholiques de la Drôme et de la France de la réalité que vivent les communautés attachées au rite tridentin : l’existence d’une mise à l’écart silencieuse mais bien réelle d’une communauté de notre diocèse, d’une peur face à un apostolat qui porte du fruit et plus largement attire l’attention sur la présence d’une crise liturgique.
Dans l’esprit de synodalité, tant promu ces dernières années par les autorités de
l’Église, nous adressons à Monseigneur Durand cet appel sincère :
• Que soit restauré l’apostolat traditionnel dans notre diocèse ;
• Qu’un accès stable soit assuré à la messe tridentine, ainsi qu’aux sacrements dans le rite extraordinaire, célébrés par un prêtre spécifiquement et fidèlement formé à cette liturgie et à sa spiritualité ;
• Que la voix des fidèles soit véritablement écoutée pour que la synodalité ne demeure pas un concept théorique, mais devienne une réalité vécue dans la confiance et la vérité.
À vous, qui nous écoutez, qui nous lisez, croyants ou non, sachez que nous sommes des catholiques fidèles à l’Église, à ses prêtres et à la Tradition. Nous voulons transmettre cette foi à nos enfants dans la forme liturgique qui nourrit nos âmes.
Cette lettre est un cri du cœur.
Un cri douloureux, mais porteur d’espérance. Nous ne pouvons plus nous taire devant l’injustice que subissent les communautés attachées au rite tridentin.
Monseigneur : Rendez-nous notre apostolat !
Messeigneurs : Rendez-nous nos apostolats !
Nous, fidèles de Valence et Montélimar, nous ne voulons pas qu’une autre communauté en France ou ailleurs ait à traverser la même épreuve : celle d’une exclusion silencieuse, d’une mise à l’écart douloureuse, de la culpabilisation d’une sensibilité pourtant légitime au sein de l’Église.
Nous refusons aussi d’assister, sans réagir, à la mise à l’écart des prêtres dévoués, formés, zélés simplement parce qu’ils exercent leur ministère selon le charisme traditionnel, et célèbrent dans un rite ancien que l’Église elle-même reconnaît et confirme.
Nous prions, nous agissons et nous demeurons dans l’amour du Christ, dans la fidélité à l’Église, et dans l’espérance d’une justice liturgique.